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11/07/2012

AUTOBIOGRAPHIE 1

 

vive la vie

 

Étrange la vie, n'est-ce pas ?

 

Vous êtes un paquet de viande, immobile. Vous êtes inconscient, des perfusions un peu partout, vous êtes intubé. Entre la vie et la mort. Plus proche de la mort que de la vie d'ailleurs.

Vous ne vous rendez plus compte de rien. Alors ça déboule, ça arrive presque par wagons spéciaux, on vous visite à qui mieux mieux. On vient voir le vieux, l'ancêtre, le papa, le frangin, avant qu'on ne le mette dans une boîte. On se recueille presque déjà, la tristesse au fond de la gorge, la larme au coin de l'œil. On arrive de loin, quand même pas du sud de l'Italie, c'est pas la Mama non plus !

Vous revoyez même ceux qui ne donnaient plus signe de vie. On téléphone régulièrement pour avoir les dernières infos. Le trépas attire toujours la foule.

Et puis c'est le miracle ! Vous vous réveillez. En vrac, démoli de partout. Mais vous émergez enfin. Alors on respire dans les chaumières, tout va mieux, tout va bien. Pas d'enterrement cette année, ouf.

Oui, vous revenez à la vie, mais c'est pas simple, c'est long et difficile. On continue à vous visiter malgré tout. On vous regarde avec pitié, votre cul vissé dans un fauteuil roulant. Et ensuite on vous admire quand vous laissez tomber la chariote, quand vous vous agrippez, les dents et les doigts serrés, à votre déambulateur à roulettes.

Et les mois passent. Vous ne prenez même plus de canne. Vous êtes guéri, à ce qu'il paraît. Le monde entier est rassuré. Terminées les visites, finis les coups de téléphone, plus personne ne frappe à la porte.

Personne ne voit, personne ne sait, mais vous, vous êtes plutôt bien informé. Vous savez que vous ne serez plus jamais le même, que vous ne récupérerez jamais ce que vous avez perdu. Et vous avez accepté l'idée que vous allez continuer à souffrir, à chaque instant, sans un moment de pause, jour et nuit. Vous venez de vivre votre première mort. Et vous espérez bien que la deuxième va patienter un peu.

La consolation, c'est que quand elle arrivera, cette deuxième fois, au moins, vous aurez de la visite.

 

 

Fabrice. Le 08/07/2012

14:49 Publié dans Etats d'âmes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vive la vie